Gonneville-la-Mallet est un bourg de 1 500 habitants situé dans le pays de Caux, à quelques kilomètres d'Etretat. Chaque fin d'année, " Bob le facteur " y perpétue la tradition du calendrier. D'une visite à l'autre, c'est comme un minuscule fragment de la comédie humaine qui se dévoile. Car tous ceux et celles qu'il rencontre — paysan, cafetier, marin, commerçante ou demoiselle des postes, sans oublier le châtelain — sont porteurs d'une histoire singulière.
Ce sont ces histoires que raconte Robert Cottard, avec un formidable sens de l'humour. Et le pressentiment que le monde qu'il décrit est déjà en train de disparaître.
Un petit nostalgique du village de votre enfance où le facteur connaissait tout le monde ? Ce livre est pour vous qui aimez la campagne, la france rurale, les conteurs des histoires de nos grands-parents ou parents, notre enfance disparue qu'on pense désuète un peu cocasse. Robert Cotard est un merveilleux conteur.
Maddy s'était juré de ne jamais sortir avec un garçon du même âge qu'elle, encore moins avec un guide de rivière. Et puis elle rencontre Dalt, et plus rien ne compte. A vingt ans, Maddy et Dalt s'embarquent dans une histoire d'amour absolue et explosive. Mariés sur les berges de la Buffalo Fork, dans le Wyoming, ils vivent leur passion à cent à l'heure et partent créer leur entreprise de rafting dans l'Oregon.
Très vite, ils décident de fonder une famille. Mais l'enfant qu'ils désirent de tout leur coeur tarde à venir. Un jour, alors que Dalt est en expédition en Mongolie, Maddy apprend une nouvelle qui bouleverse son existence.
Quand l'amour va au-delà de tout ce que la vie nous réserve, c'est beau, émouvant, tellement émouvant. Mouchoirs à prévoir.
Joseph fabrique le berceau de sa première petite-fille, lorsqu'un coup de téléphone l'interrompt. Un crash d'avion : son fils dedans, son gendre aussi. Et la petite alors ? Sauve, bien vivante ! Prête à naître, car grandissant dans le ventre d'une mère porteuse canadienne choisie par le couple homosexuel. Joseph n'a jamais foutu les pieds hors de sa Normandie natale, il a passé sa vie dans une ferme, vendu ses vaches, enterré sa femme : il n'a plus que cette enfant en tête.
Alors il part. A la rencontre de la minuscule promesse qui prolonge l'existence de son fils. A la rencontre de la jeune étrangère, farouche et indomptable, qui la couve. Rien n'est simple dans cette histoire, mais il se lance, à plein régime, dans une réinvention audacieuse et poignante de la famille contemporaine.
Un très joli premier roman, on pleure, on rit et forcément on s'attache à Joseph si sensible, si humain. Très bien pour les vacances.
Il y a huit mille ans, une grande île s'étendait au milieu de la mer du Nord, le Doggerland. Margaret en a fait son objet d'étude. Marc aurait pu la suivre sur cette voie, mais c'est le pétrole qu'il a choisi. Il a quitté le département de géologie de St Andrews, pour une vie d'aventure sur les plateformes offshore. Vingt ans plus tard, une occasion se présente. Ils pourraient la saisir, faire le choix de se revoir.
On dit que l'histoire ne se répète pas. Mais les géologues le savent, sur des temps très longs, des forces agissent à distance, capables de réveiller d'anciens volcans, de rouvrir de vieilles failles, ou de les refermer.
Rio de Janeiro, 1904. Johan Edward Jansson arrive à Rio en tant qu'ambassadeur de Suède au Brésil. Lui et sa femme, l'exotique et sensible Birgit, s'installent et commencent à transformer la petite station balnéaire d'Ipanema en une des destinations les plus prisées au monde. Par amour pour cette ville, Johan fait construire un château au bord de l'eau. La magnificence et les mystères d'Ipanema prennent vie.
Dès lors, Ipanema deviendra la ville de toutes les excentricités. De Birgit, hantée par des voix dans sa tête, à Álvaro Alvim, un médecin célèbre rongé par les conséquences de ses expériences, et sa fille Laura, une petite-bourgeoise qui se rêve actrice, tous gravitent autour de la lumineuse famille Jansson. Martha Batalha n'a pas son pareil pour mêler figures historiques et personnages fictifs délicieusement bariolés, livrant ainsi au lecteur un tableau coloré, chaleureux et éclatant de vie d'une ville aux mille facettes, Rio de Janeiro.
"An Linh n'existe pas. On ne peut arpenter ses rizières, parcourir ses collines, sentir sa brise à l'aube et se recueillir dans ses cimetières face à l'océan. Rien de ce qui suit n'est réel. La correspondance que vous allez lire aurait pu se tenir il y a deux cents ans. Endormis depuis de longues années, Isey, Thanh et leurs compagnons. se réveillent. L'un après l'autre, ils se lèvent pour entrer sur une scène imaginaire encore plongée dans la nuit.
Ils s'apprêtent, revêtent des tuniques colorées, soulignent leur regard d'un trait de khôl, prennent une plume et des feuilles de papier pour jouer leur partie. Le paysage s'éclaire : ils vont ouvrir le bal... Puisse le Ciel donner vie à leurs lettres, clarté à leurs voix — et leur accorder la grâce de vous rencontrer."
A la ligne est le premier roman de Joseph Ponthus. C'est l'histoire d'un ouvrier intérimaire qui embauche dans les conserveries de poissons et les abattoirs bretons. Jour après jour, il inventorie avec une infinie précision les gestes du travail à la ligne, le bruit, la fatigue, les rêves confisqués dans la répétition de rituels épuisants, la souffrance du corps. Ce qui le sauve, c'est qu'il a eu une autre vie.
Il connaît les auteurs latins, il a vibré avec Dumas, il sait les poèmes d'Apollinaire et les chansons de Trenet. C'est sa victoire provisoire contre tout ce qui fait mal, tout ce qui aliène. Et, en allant à la ligne, on trouvera dans les blancs du texte la femme aimée, le bonheur dominical, le chien Pok Pok, l'odeur de la mer. Par la magie d'une écriture tour à tour distanciée, coléreuse, drôle, fraternelle, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de boeufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes.
1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l'Allemagne. L'insurrection s'étend, gagne rapidement la Suisse et l'Alsace. Une silhouette se détache du chaos, celle d'un théologien, un jeune homme, en lutte parmi les insurgés. Il s'appelle Tomas Müntzer. Sa vie terrible est romanesque. Cela veut dire qu'elle méritait d'être vécue ; elle mérite donc d'être racontée.
Claire est médecin dans un hôpital parisien. Un jour, un nouveau patient est admis dans son service, qui demande à la voir. Elle reconnaît alors Dominique, un ancien amant. Cette présence la bouleverse : la maladie de Dom, déjà très avancée, met en échec ses qualités de médecin et fait resurgir les circonstances de leur rencontre. Quinze ans plus tôt, Claire est partie à Marseille avec son amie Manu, travailler dans le théâtre associatif que dirigeait Dominique.
Au milieu d'un groupe d'enfants occupés à apprivoiser la scène et embarqués dans une adaptation tumultueuse de La Tempête de Shakespeare, les deux amies sont troublées par une silhouette fragile : celle d'une petite fille marginale, aussi inquiète dans sa famille que parmi les autres enfants, qui semble les appeler à l'aide. Mais la joie de l'été, la découverte du désir, le cercle des silences coupables les empêchent de prendre conscience du drame qui est en train de se nouer.
Cet été partez en voyage de votre transat : Italie, Espagne, Indonésie, Etats-Unis, Angleterre, Australie, Japon, France, Norvège, il y en a pour tous les goûts !
Sous les bombardements, dans Berlin assiégé, la femme la plus puissante du IIle Reich se terre avec ses six enfants dans le dernier refuge des dignitaires de l'Allemagne nazie. L'ambitieuse s'est hissée jusqu'aux plus hautes marches du pouvoir sans jamais se retourner sur ceux qu'elle a sacrifiés. Aux dernières heures du funeste régime, Magda s'enfonce dans l'abîme, avec ses secrets. Au même moment, des centaines de femmes et d'hommes avancent sur un chemin poussiéreux, s'accrochant à ce qu'il leur reste de vie.
Parmi ces survivants de l'enfer des camps, marche une enfant frêle et silencieuse. Ava est la dépositaire d'une tragique mémoire : dans un rouleau de cuir, elle tient cachées les lettres d'un père. Richard Friedländer, raflé parmi les premiers juifs, fut condamné par la folie d'un homme et le silence d'une femme : sa fille. Elle aurait pu le sauver. Elle s'appelle Magda Goebbels.
« La fin du IIIème reich, vue des deux côtés, vainqueurs et vaincus. Mais après cette horreur, y en a-t-il vraiment eu ? Absolument passionnant. »
Douglas Raymer est chef de la police de North Bath, ancienne cité industrielle du New Jersey mal remise de la crise, voisine de la si pimpante Schuyler. Quand Dougie était collégien, sa professeur d'anglais écrivait dans les marges de ses rédactions : "Qui es-tu, Douglas ?". Trente ans plus tard, Raymer n'a pas bougé de Bath et il ne sait toujours pas répondre à la question. Qui est-il ? Dégarni, certes, enclin à l'embonpoint, veuf d'une femme qui s'apprêtait à le quitter.
Pour qui ? Voilà une autre question qui torture Raymer. Car depuis la mort accidentelle de Becka, ce policier élu à la tête de son district presque malgré lui vit dans un brouillard, tout juste égayé par la présence de son assistante, la jeune Charice, policière noire fière de son identité. De l'autre côté de la ville, un septuagénaire passe sa retraite sur un tabouret de bar. Sully connaît tout Bath et tout Bath connaît Sully : buveur, fumeur, aussi sarcastique et rusé qu'un vieux loup de mer.
Mais comment garder son flegme lorsque résonne encore le diagnostic des cardiologues : "Deux années, grand maximum" ? En regardant, peut-être, les gens passer. Or pour cela, Sully a l'embarras du choix. Il y a Rub, son acolyte bègue ; Carl, le magnat de la ville, qui passe ses nuits devant des films X dans l'espoir de retrouver sa forme d'avant-prostatite. Jerome, le frère jumeau de Charice, maniaque, amoureux de la syntaxe et de sa Mustang rouge.
« On suit les tribulations déjantées d'une brochette d'habitants de North Bath, petite ville américaine déshéritée, en passant de l'émotion au fou rire, Et l'on s'attache tellement aux personnages qu'on ne peut lâcher ce roman ! »
Parce que son frère s'apprête à commettre en France l'irréparable, Nadr le pacifiste se lance à sa poursuite, quitte la Palestine, franchit les tunnels, passe en Egypte, débarque à Marseille puis suit la trace de Khalil jusqu'à Paris. Se révolter, s'interposer : deux manières d'affronter le même obstacle, se libérer de tout enfermement, accéder à soi-même, entrer en résilience contre le sentiment d'immobilité, d'incarcération, d'irrémédiable injustice.
Sous couvert de fiction, ce premier roman est celui d'un homme engagé pour un autre monde, une autre société - un engagement qui passe ici par l'imaginaire pour approcher encore davantage l'une des tragédies les plus durables du XXe siècle.
Premier roman du réalisateur de « Demain » sur les liens du sang et l'attachement à un pays meurtri, la Palestine »
Dans un village des Caraïbes, la légende d'un trésor disparu vient bouleverser l'existence de la famille Otero. A la recherche du butin du capitaine Henry Morgan, dont le navire aurait échoué dans les environs trois cents ans plus tôt, les explorateurs se succèdent. Tous, dont l'ambitieux Severo Bracamonte, vont croiser le chemin de Serena Otero, l'héritière de la plantation de cannes à sucre, qui rêve à d'autres horizons.
Au fil des ans, tandis que la propriété familiale prospère, chacun cherche le trésor qui donnera un sens à sa vie. Mais, sur cette terre sauvage, la fatalité aux couleurs tropicales se plaît à détourner les ambitions et les désirs qui les consument. Dans ce roman envoûtant, sensuel, Miguel Bonnefoy réinvente la légende de l'un des plus célèbres corsaires pour nous raconter le destin d'hommes et de femmes guidés par la quête de l'amour et contrariés par les caprices de la fortune.
Il nous livre aussi, dans une prose somptueuse, le tableau émouvant d'un pays dont les richesses sont autant de mirages et de maléfices.
« L'avarice est un vilain défaut ! Une fable réjouissante sur l'or qui rend fou ! »
A Paris, au Moyen Age, un bâtiment singulier borde la rue de l'Ave Maria, dans le Marais : le grand béguinage royal, fondé par saint Louis. Dans ses murs, vit une communauté de femmes hors normes. Veuves ou célibataires, nobles ou ouvrières, elles peuvent étudier, travailler, circuler librement dans la cité. Mais en 1310, la sérénité du béguinage est troublée par l'exécution en place de Grève de Marguerite Porete, une béguine de Valenciennes brûlée vive pour avoir écrit un livre qui compromet l'ordre établi...
C'est là que commence le roman, alors que le royaume de Philippe le Bel amorce son déclin et que les persécutions contre les Templiers se multiplient. Ysabel, responsable de l'hôpital, vit là depuis vingt ans lorsque la jeune et rousse Maheut s'y réfugie. Celle-ci fuit des noces imposées par son frère, et la traque d'un inquiétant moine franciscain. Son arrivée est mal accueillie par la majorité des femmes du clos : les cheveux roux ne sont-ils pas l'oeuvre du Diable ? Dame Ade, qui aspire à se tenir en retrait du monde depuis la mort de son mari, regarde elle aussi avec méfiance la nouvelle venue. Ysabel est obligée de cacher sa protégée ailleurs dans la cité... Ce n'est que le début d'un saisissant suspense qui nous emmène dans une époque charnière d'une étonnante actualité.
« La liberté des femmes a toujours un prix, au Moyen-âge d'autant plus »
Tes allers-retours entre la vie et la mort tu vas les faire encore longtemps ? Le temps qu'il faudra. Pourquoi ? Tu te fais du souci pour moi ? Tu es juive, n'est-ce pas ? C'est insensé, tu sais ce qu'ils te feront s'ils te prennent ? Je n'ai pas peur. A Copenhague, je suis chez moi. Ce sont eux les envahisseurs." Danemark 1943, Niels Rasmussen rencontre Sarah à la rousse chevelure. Il rejoint alors la Résistance et devient le saboteur de génie qui remodèle la ville occupée à coups d'explosifs.
Quand le conflit mondial s'achève, Sarah attend un enfant et les héros sont prêts à recueillir leurs lauriers. Pourtant, une page du Parisien libéré glissée dans un courrier anonyme va infléchir le destin. Dans la rubrique "Epuration" Niels lit : C'est le 7 mai que le dramaturge Jean-François Canonnier, actuellement détenu à Fresnes, passera devant la cour de justice de la Seine. Il sera défendu par maître Bianchi.
Eperdu d'incompréhension et pour sauver son "frère de cœur", il entreprend une odyssée qui fera vaciller toutes ses certitudes quant à l'héroïsme, la lâcheté, la Résistance et la collaboration. Roman d'aventures, enquête introspective, Niels fait fi des genres littéraires et nous soumet à la question : Et vous, qu'auriez-vous fait ?
« Connait-on vraiment ses amis ? Et vous, qui auriez-vous été ? »
Au large de la Californie, sur une île inhabitée au cœur d'un archipel quasi inaccessible et livré aux caprices des vents, Miranda, jeune photographe spécialisée de la faune sauvage, découvre un monde parallèle aussi séduisant que terrifiant, où la menace vient tout autant de la spectaculaire hostilité de la nature que de l'étrange micro-communauté scientifique qui l'accueille. Abby Geni signe un premier roman comme un grand-huit des sensations, et pose un univers inoubliable, à mi-chemin entre David Vann et Laura Kasischke.
Un très bon premier roman. Dépaysement garanti ! La narration de Miranda vous prend aux tripes. Entre la violence des éléments, les relations troubles des uns avec les autres, la nature animale sauvage et dangereuse, l'intrigue se tend et se détend au rythme des marées et des migrations.
Rien n'est plus comme avant : le monde tel qu'on le connaît semble avoir vacillé. Des rumeurs courent : épidémies, crise énergétique, catastrophe nucléaire... Les gens se terrent et fuient. Nell et Eva, dix-sept et dix-huit ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au coeur de la forêt. Quand la civilisation s'effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre.
Il leur reste, toujours bien vivantes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l'inconnu, il va falloir apprendre à grandir autrement, à se battre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, emplie d'inépuisables richesses. Considéré comme un véritable choc littéraire aux Etats-Unis, ce roman sensuel et puissant met en scène deux jeunes femmes qui entraînent le lecteur vers une vie nouvelle.
Rien n'est plus comme avant après avoir lu ce livre. Il est des histoires où l'on se coule, où l'on se love, où l'on se noie parfois sans avoir envie d'en sortir, c'est le cadeau que nous fait ce livre magnifique, hypnotique, tendre, difficile et d'une extrême douceur à la fois.
Si le choix de la langue des colonisateurs fait de Tuân un "traître", il signe également son destin : son amour du français et de la poésie de Gérard de Nerval sera son refuge au coeur des atrocités qu'il va vivre dans un Vietnam exsangue, déchiré par la guerre et la partition. Ce roman est une navigation enchantée entre les verts paradis des amours enfantines et un présent douloureux, qui convoque les parfums les plus subtils de l'Orient et compose une ode bouleversante à la puissance vitale des mots.
Poète au cœur du déluge
Une ode au Vietnam et aux ancêtres, un long chemin vers les mots et la poésie, ce roman est à la fois violent par son histoire et empreint de la douceur de son auteur.
Nous sommes dans les années 1950, le monde se réveille à peine des horreurs des Nazis que le Vietnam sombre dans le chaos à son tour. La partition du pays est inévitable et la guerre civile meurtrit chaque famille. Tuân est marqué dès son plus jeune âge par la disparition brutale de ses parents puis plus tard celle de son grand-père. Jeune homme intelligent et d'une sensibilité rare, il se réfugie dans l'étude du français et de la poésie. Il vit chez sa tante au sein du domaine familiale et coule une enfance sereine avec sa cousine à laquelle il est très attaché. La montée du nationalisme et des communistes touchent aussi sa famille et vont briser l'harmonie que ce garçon s'est construite. Sa cousine Tiên et sa tante Co Anh seront les victimes innocentes du conflit, morts dont ne se remettra jamais Tuân et qui briseront son élan créateur. Emigré en France, Tuân se posera la question de l'utilité de l'écriture et de la poésie, comme les poètes allemands après guerre, comment et pourquoi écrire après l'horreur. Hoai Huong Nguyen nous répond avec un roman magnifique, hommage à ce pays d'origine et à la langue. La poétesse et l'écrivain se mêlent pour un livre vibrant de sensibilité.
Walker a tout pour être heureux. Il dirige une florissante entreprise au Nouveau-Mexique et sa femme, la riche et belle Sarah, lui a donné trois magnifiques enfants. Et pourtant, il ne supporte plus sa vie. Entre sa famille, son entreprise et les contraintes de toutes sortes, son temps lui échappe. Une seule solution : la fuite. Walker va mettre en scène sa mort de façon à ne pas peiner inutilement les siens.
Malheureusement pour lui, Nick Shepherd, redoutable détective spécialisé dans les disparitions, s'empare de son affaire et se forge la conviction que Walker est encore vivant. S'engage entre les deux hommes une fascinante course-poursuite sur le territoire des Etats-Unis. En jeu : la liberté, une certaine conception de l'honneur et l'amour de Sarah. L'homme qui s'envola, balayé par le grand souffle de l'aventure, est aussi un récit pénétrant sur la fragilité des réussites humaines.
Walker est un homme brillant, chef d'entreprise hors pair, mari parfait, père attentif. Tous profitent de cette situation confortable sans y prêter attention et finissent par étouffer Walker dans un emploi du temps où chaque minute se paye chère. Une décision s'impose : disparaître, faire croîre à sa mort et retrouver enfin une totale liberté. Oui mais peut-on vraiment disparaître dans ce monde de réseau et de traçage ? Shepperd, chasseur de tête émérite, ne le pense pas, tout le monde commet un jour une erreur même le plus brillant d'entre nous. Il relève le défi, retrouver celui que tout le monde croit mort. C'est une partie d'échec qui se noue alors entre ces deux hommes aussi intelligents l'un qui l'autre. De rebondissements en rebondissements, Antoine Bello nous livre une histoire d'aventure passionnante et que le meilleur gagne !
L'Allemagne nazie a sa légende. On y voit une armée rapide, moderne, dont le triomphe parait inexorable. Mais si au fondement de ses premiers exploits se découvraient plutôt des marchandages, de vulgaires combinaisons d'intérêts ? Et si les glorieuses images de la Wehrmacht entrant triomphalement en Autriche dissimulaient un immense embouteillage de panzers ? Une simple panne ! Une démonstration magistrale et grinçante des coulisses de l'Anschluss par l'auteur de «Tristesse de la terre» et de «14 juillet».
Eric Vuillard nous fait une fois de plus vivre un moment clé de l'Histoire du monde en changeant l'angle de vue. Sous son ironie habituelle se dévoile un monde absurde mais néanmoins réel, où la folie, la cupidité, le peu de courage de tous ces hommes au pouvoir, la machination, les intérêts personnels déclenchent les pires abominations. Son récit bref à la langue impitoyable ouvre notre esprit sur le sens large de la politique et nous force à regarder l'histoire en face.
Bientôt le soleil, l'été, la plage alors voilà quelques livres tranquilles et plaisants :
Mutée disciplinairement à New York, Colorado, un petit village raciste du fin fond de l'Amérique, sans couverture mobile et où il ne se passe jamais rien, la lieutenant de police de couleur noire, à forte corpulence, Agatha Crispies a trouvé un échappatoire à son désoeuvrement dans l'animation d'un club de lecture au sein du commissariat. Mais alors qu'elle désespérait de pouvoir un jour enquêter à nouveau sur un meurtre autre que celui d'un écureuil, une série d'effroyables assassinats et disparitions viennent (enfin) troubler la tranquillité des lieux, mettant à l'épreuve ses connaissances littéraires.
Puértolas signe un drôle de thriller loufoque, un poilar !
Il fallait le talent de Romain Puertolas pour nous embarquer dans... dans.. dans quoi ? Un polar ? Une comédie ? Un hymne à la littérature ? Une formidable occasion de faire le plein d'annecdotes sur des écrivains ? Bref un savant mélange d'humour décalé, d'intrigues et surtout de culture. Déconnectez-vous, il y a mieux à faire !
A bientôt quarante ans, Jeanne est au bout du bout du rouleau. Plus de mec, un travail qui ne rapporte pas un rond, des relations tendues avec sa mère et quelques kilos en trop, sa vie ressemble à un désastre. Afin de l'aider à faire le point, sa soeur lui offre une semaine de vacances. Mais pas pour se la couler douce, non, pour faire une cure de jeûne. Le pire cauchemar de Jeanne ! Imaginer dire adieu au pain au chocolat du matin et à tous les gâteaux qu'elle avale compulsivement, c'est déjà une torture, alors huit jours de diète forcée, c'est au-dessus de ses forces.
Et pourtant ... C'est au fin fond du Pays basque que la retraite commence avec Myriam, spécialiste déjantée ès jeûnes, et son mari JP, baba cool à la masse. Au programme : yoga, randonnée et bouillons. Pour Jeanne, la semaine s'annonce longue, très longue. Franck, le neveu de Myriam, et son ami Gustave, appelés en renfort, l'aideront-ils à surmonter sa mauvaise humeur ? Entre petites galères et grands moments de solitude, cette héroïne à l'humour décapant, irrésistiblement humaine, nous embarque dans une comédie jubilatoire.
Le "feelgood book" est à la mode. En voilà un qu'il ne faut pas manquer. Bien que l'histoire et l'intrigue soient cousues de fil blanc, Cécile Krug a un vrai talent d'humoriste. Voilà longtemps que je n'avais pas autant ri en lisant un livre, de tout coeur avec le personnage et les péripéties qui jalonnent le roman. Une vraie réussite.
À soixante-dix-neuf ans, Anthony Peardew a passé la moitié sa vie à collecter les objets perdus, dans l'espoir de réparer une promesse brisée. Réalisant que son temps est compté, le vieil homme, autrefois écrivain célébré, décide de léguer sa demeure victorienne et les "trésors" qu'elle recèle à sa fidèle assistante Laura, qu'il pense être la seule à même de restituer les objets à leurs propriétaires.
En exprimant ses dernières volontés, il est loin de se douter de leurs répercussions et de l'heureuse suite de rencontres qu'elles vont provoquer.
Du thé, de la romance, une touche de merveilleux et toutes ces histoires, des petits bouts de vie racontés à travers la perte d'un objet et le charme opère, la tendresse pour les personnages s'installe, les intrigues se nouent et nous emportent dans un bon moment de lecture très très anglais.
Marie, 43 ans, avocate parisienne frisant le burn-out, selon elle. En combustion permanente, selon ses proches. Il est grand temps de faire quelque chose. Partir en vacances ? trop classique. Ou alors… Qui n'a pas rêvé de prendre sa retraite à 40 ans ? Pourquoi faudrait-il attendre d'être senior pour s'occuper de soi ? Plutôt opter pour un stage en maison de retraite, en immersion totale.Un premier roman facétieux, tendre et ironique.
Voilà un livre dynamique et plein d’optimisme à l’image de Marie quarantenaire au bord de l’explosion mais définitivement tournée vers le bonheur. Sentant le burn-out arriver, elle s’isole dans une maison de retraite et se fond vite dans le paysage d’une joyeuse bande d’octogénaires. Myriam Bellecour dépeint le quotidien de cette maison de retraite idéale avec beaucoup de tendresse et d’humour, nous aurions “presque” hâte de les rejoindre !
Avant d'inventer Emile Ajar, Romain Gary s'est inventé un père. Bâtissant sa légende, !'écrivain a laissé entendre que ce père imaginaire était Ivan Mosjoukine, l'acteur russe le plus célèbre de son temps. La réalité n'a rien de ce conte de fées. Drame familial balayé par !'Histoire et fable onirique, Romain Gary s'en va-t-en guerre restitue l'enfance de Gary et la figure du père absent. Avec une émotion poignante, le roman retrace vingt-quatre heures de la vie du jeune Romain, une journée où bascule son existence.
Après Les derniers jours de Stefan Zweig et Le cas Eduard Einstein, Laurent Seksik poursuit magistralement cette quête de vérité des personnages pour éclairer le mystère d'un écrivain, zones d'ombre et genèse d'un créateur, dans une histoire de génie, de ténèbres et d'amour.
Beaucoup d'émotion à la lecture de ce nouveau roman de Laurent Selsik tant l'amour qu'il porte à ses personnages transpire de son écriture. L'auteur se sert habilement de la vie de Romain Gary et de sa famille pour nous raconter simplement les conditions de vie des juifs dans le ghetto de Vilno, les désespérances des uns, les illusions des autres et la tragédie familiale qui bouleverse un garçon de douze ans préfigurant sans doute la sensibilité qu'il développera plus tard.
Les Fontaines. Une pierre cassée au milieu d'un pays qui s'en fiche. Un morceau du monde qui dérive, porté par les vents et les orages. Une île au milieu d'une terre abrupte. Je connais les histoires de ce village, mais une seule les rassemble toutes. Elle doit être entendue. L'histoire d'André, de son fils Benedict, de sa petite-fille, Bérangère. Une famille de médecins. Celle de Maxime, de son fils Valère, et de ses vaches.
Une famille de paysans. Et au milieu, une maison. Ou ce qu'il en reste. Trois générations confrontées à l'Histoire et au fol orgueil des hommes ayant oublié la permanence hiératique de la nature. Saga portée par la fureur et la passion, Trois saisons d'orage peint une vision de la seconde partie du XXe siècle placée sous le signe de la fable antique. Les Trois-Gueules, "forteresse de falaises réputée infranchissable", où elle prend racine, sont un espace où le temps est distordu, un lieu qui se resserre à mesure que le monde, autour, s'étend.
Si elles happent, régulièrement, un enfant au bord de leurs pics, noient un vieillard dans leurs torrents, écrasent quelques ouvriers sous les chutes de leurs pierres, les villageois n'y peuvent rien ; mais ils l'acceptent, car le reste du temps, elles sont l'antichambre du paradis. Cécile Coulon renoue ici avec ses thèmes de prédilection la campagne opposée à la ville, la lutte sans merci entre l'homme et la nature, qui sont les battements de coeur du très grand succès que fut Le Roi n'a pas sommeil (Ed Viviane Hamy, 2012).
Le talent de Cécile Coulon est de nous amener dans un ailleurs plein de contradictions. Le monde qu'elle décrit est à la fois rude, sauvage mais également protecteur pour ceux qui y sont nés. Les hommes doivent se fondre dans cette nature qui leur apporte de quoi subsister et réaliser leurs ambitions. Attention à ne pas se fourvoyer, la sanction peut être lourde de conséquences. C'est avec bonheur que nous sommes toujours fidèles à ses romans.
La nuit, Kimiâ mixe du rock alternatif dans des concerts. Le jour, elle suit un protocole d'insémination artificielle pour avoir un enfant avec son amie Anna. Née à Téhéran en 1971, exilée en France dix ans plus tard, elle a toujours tenu à distance sa culture d'origine pour vivre libre. Mais dans la salle d'attente de l'unité de PMA de l'hôpital Cochin, d'un rendez-vous médical à l'autre, les djinns échappés du passé la rattrapent.
Au fil de souvenirs entremêlés, dans une longue apostrophe au lecteur, elle déroule toute l'histoire de la famille Sadr. De ses pétulants ancêtres originaires du nord de la Perse jusqu'à ses parents, Darius et Sara, éternels opposants au régime en place ; celui du Shah jusqu'en 1979, puis celui de Khomeiny. Ce dernier épisode va les obliger à quitter définitivement l'Iran. La France vécue en exilés n'a rien à voir avec le pays mythifié par la bourgeoisie iranienne… Alors, jouant du flash-back ou du travelling avant, Kimîa convoque trois générations et une déesse du rock and roll au chevet de sa " désorientalisation ".
On y croise, entre autres, Siouxie, Woody Allen, Michel Foucault, des punks bruxellois et des persans aux yeux bleus, six oncles et un harem.
Un prix du style pour Négar Djavadi et son premier roman Désorientale. L'auteur possède la magie des conteuses orientales et elle nous captive dès les premières pages de cette saga familiale. Entre Orient et Occident, deux mondes, nous passons de l'un à l'autre attendant que le mystérieux titre de Désorientale prenne tout son sens. Jouant de l'humour comme de la gravité et de nos emotions, l'auteur nous offre un moment de lecture à savourer.
Dans un monde où la civilisation s'est effondrée suite à une pandémie foudroyante, une troupe d'acteurs et de musiciens nomadise entre de petites communautés de survivants pour leur jouer du Shakespeare. Un répertoire qui en est venu à représenter l'espoir et l'humanité au milieu de la désolation.
Un livre de science-fiction ? Beaucoup plus que cela. Le climat ambiant de cette fable post-apocalyptique interroge notre présent, ce qui en fait la saveur, les souvenirs, la valeur de l'amitié, les regrets et surtout l'art qui donne sens à la vie lorsque tout est perdu. Un très beau roman qui ne s'oublie pas de sitôt.
Karen Holt est agent d'un service de renseignements très particulier. Benjamin Horwood est un universitaire qui ne sait plus où il en est. Elle enquête sur une spectaculaire série de vols d'objets historiques à travers le monde. Lui passe ses vacances en France sur les traces d'un amour perdu. Lorsque le vénérable historien qui aidait Karen à traquer les voleurs hors norme meurt dans d'étranges circonstances, elle n'a d'autre choix que de recruter Ben, quitte à l'obliger.
Ce qu'ils vont vivre va les bouleverser. Ce qu'ils vont découvrir va les fasciner. Ce qu'ils vont affronter peut facilement les détruire... Avec ce nouveau roman, Gilles Legardinier allie pour la première fois tous les talents qui ont fait de lui un exceptionnel auteur de best-sellers. Aventure, intrigue fascinante et humour nous entraînent aux confins des mystères de la science et de l'Histoire.
Un nouveau registre pour Gilles Legardinier, un enquêteur malgré lui à l'humour irrésistible, une James Bond girl fleur bleue, une aventure trépidante, bref les ingrédients d'un bon moment d'évasion sans bouger de chez soi.
Sibylle, à qui la jeunesse promettait un avenir brillant, a vu sa vie se défaire sous ses yeux. Comment en est-elle arrivée là ? Comment a-t-elle pu laisser passer sa vie sans elle ? Si elle pense avoir tout raté jusqu'à aujourd'hui, elle est décidée à empêcher son fils, Samuel, de sombrer sans rien tenter. Elle a ce projet fou de partir plusieurs mois avec lui à cheval dans les montagnes du Kirghizistan, afin de sauver ce fils qu'elle perd chaque jour davantage, et pour retrouver, peut-être, le fil de sa propre histoire.
J'avais découvert Laurent Mauvignier avec son livre "Ce que j'appelle oubli" qui ne peut que vous hanter pendant de nombreuses années... Et voilà qu'une fois encore, je le lis en apnée, attendant, tendue, la fin du livre et le relachement qui va avec, et s'il n'écrit, comme il dit, que pour la beauté des dernières pages de son livre, le lecteur est happé par son écriture, la sincérité qui ressort de ses personnages jusqu'à l'émotion ultime !
Une rentrée littéraire sous le soleil ! Voici nos premières lectures et coups de coeur !
RENCONTRE AVEC ERIC VUILLARD LE 11 OCTOBRE A 19H30
Paris est désormais au peuple. Tout chaviré. Aiguisé. Se baignant aux fontaines. La nuit est tombée. De petits groupes marchent sur les barrières. Ce sont des bandes d'ouvriers, de menuisiers, de tailleurs, gens ordinaires, mais aussi des porte-faix, des sans-emplois, des argotiers, sortis tout droit de leur échoppe ou du port au Bled. Et dans la nuit de la grande ville, il y eut alors une étincelle, cri de mica.
L'octroi fut incendié. Puis un autre. Encore un autre. Les barrières brûlaient. Ce qui brûle projette sur ce qui nous entoure un je-ne-sais-quoi de fascinant. On danse autour du monde qui se renverse, le regard se perd dans le feu. Nous sommes de la paille.
Comme ressucité d'un monument au mort, les femmes et les hommes qui firent le 14 Juillet entrent en scène les uns après les autres et c'est une commémoration bouleversante de ceux qui renversèrent le pouvoir en place. Eric Vuillard focalise notre attention sur ces visages, ces corps, ces histoires de vies, ces gens de rien qui pourtant collectivement, unis auront fait de cette journée notre fête Nationale. Avec sa langue toujours extrêmement juste, rien ne semble impossible à l'homme lorsqu'il s'engage.
"Soyez imprudents les enfants", c'est le curieux conseil qu'on a donné à tous les Bartolome lorsqu'ils n'étaient encore que de jeunes rêveurs - et qui explique peut-être qu'ils se soient aventurés à changer le monde. "Soyez imprudents les enfants", c'est ce qu'aimerait entendre Atanasia, la dernière des Bartolome, qui du haut de ses 13 ans espère ardemment qu'un événement vienne bousculer sa trop tranquille adolescence.
Ce sera la peinture de Roberto Diaz Uribe, découverte un matin de juin au musée de Bilbao. Que veut lui dire ce peintre, qui a disparu un beau jour et que l'on dit retiré sur une île inconnue ? Atanasia va partir à sa recherche, abandonner son pays basque natal et se frotter au monde. Quitte à s'inventer en chemin. Dans ce singulier roman de formation, Véronique Ovaldé est comme l'Espagne qui lui sert de décor : inspirée, affranchie et désireuse de mettre le monde en mouvement.
Très heureuse de retrouver Véronique Ovaldé et son écriture si singulière. Sa faculté de surprendre le lecteur, son humour et son imaginaire nous rappellent que la lecture est un formidable plaisir ! Un roman d'apprentissage pas comme les autres, une famille pas comme les autres et pourtant, les questions existentielles sont les mêmes que celles que se posent les autres adolescents et jeunes adultes. Le cheminement d'Atanasia dans sa quête de vérité sur l'histoire trouble de sa famille ravira les amoureux d'histoires à tiroirs tout autant que les grands enfants gourmands de légendes.
Installée dans un refuge high-tech accroché à une paroi d'un massif montagneux, une femme s'isole de ses semblables pour tenter de répondre à une question simple : comment vivre ? Outre la solitude, elle s'impose un entraînement physique et spirituel intense, où longues marches, activités de survie, slackline et musique vont de pair avec la rédaction d'un journal de bord. Saura-t-elle "comment vivre" après s'être mise à l'épreuve de conditions extrêmes, de la nature immuable des temps géologiques, de la brutalité des éléments ? C'est dans l'espoir d'une réponse qu'elle s'est volontairement préparée, qu'elle a tout prévu.
Tout, sauf la présence, sur ces montagnes désolées, d'une ermite, surgie de la roche et du vent, qui bouleversera ses plans et changera ses résolutions. Avec son style acéré, Céline Minard nous offre un texte magistral sur les jeux et les enjeux d'une solitude volontaire confrontée à l'épreuve des éléments.
Original et déroutant, le Grand Jeu nous entraîne dans un univers à part, une philosophie de vie ou une recherche de philosophie, un questionnement de soi, les raisons que nous pouvons trouver à vivre en harmonie avec nous-même mais aussi avec les autres. Ne cherchez pas la réponse dans le livre, celle-ci vous appartient.
À la fin des années 1950, Mathilde, adolescente, voit partir son père puis sa mère pour le sanatorium d'Aincourt. Commerçants, ils tenaient le café de La Roche-Guyon. Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant laisse alors ses deux plus jeunes enfants dans la misère. Car à l'aube des années 1960, la Sécurité sociale ne protège que les salariés et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui, par insouciance, méconnaissance ou dénuement ne sont pas soignés à temps.
Petite mère courage, Mathilde va se battre pour sortir ceux qu'elle aime du sanatorium, ce grand paquebot blanc niché dans les arbres, où se reposent et s'aiment ceux que l'enfance ne peut tolérer autrement qu'invincibles.
Tout comme Kinderzimmer, Un paquebot dans les arbres est inspiré d'un témoignage et nous plonge dans la France des années 50 au coeur d'une famille au destin tragique. Nous retrouvons avec un immense plaisir l'écriture lumineuse, simple et juste de Valentine Goby qui sait comme personne bouleverser le lecteur, s'emparer d'une histoire dramatique et rester à la bonne distance du pathétique. Nous éclairant sur la tuberculose et les conditions de soin des années 1950, l'histoire de Mathilde est aussi celle d'une héroïne du quotidien, une femme au coeur d'or, à l'amour immense, une femme forte de celles qui ne lâchent jamais !
Le temps passe et voilà quelques mois que rien n'est proposé sur le blog. Ci-dessous de quoi faire des choix pour vos lectures d'été. D'été ?? Sous cette grisaille, on a du mal à y croire... Alors plongeons dans les livres et les mots à défaut de bain de mer
Sur les îles bretonnes, tranquilles ou pas, le vent est toujours coupable : des naufrages, des névroses, et même des chutes du haut des falaises. Difficile pourtant de convaincre Edelweiss, de retour à Trevedic pour enterrer son père tombé du pic du Rat, de ce scénario. Ses doutes se renforcent lorsqu'elle remarque que les îliens ont étrangement changé leurs habitudes : ils ont repeint leurs maisons à neuf, possèdent des yachts rutilants ou encore des voitures de luxe tout à fait inutiles dans cette société miniature.
Veulent-ils se la jouer chicos, comme son petit ami parisien, gentil mais "un peu connard" ? Ou cachent-ils un secret derrière des bizarreries de plus en plus inquiétantes, comme lancer des balles de tennis ornées de têtes de mort dans le jardin ? Avec un ton bien à elle, oscillant entre noirceur et humour, Pascale Dietrich nous entraîne dans une histoire inventive, mordante et généreusement irrespectueuse.
Les îliens ont toujours bien caché leur jeu, mais alors là ils ne sont pas les seuls, à moins que l'auteur ne soit habitante de cette île ? Voici un livre original qui commence comme tant d'autres par un décès, une suspicion de meurtre, une enquête, des menaces mais qui part, pour notre plus grand bonheur, dans un ailleurs où l'humour noir est à son comble et l'on termine la lecture étonné et réjouis.
lles ont vingt ans, ou trente, ou un peu plus, en 1934 et un peu après. Elles s'appellent Mademoiselle Haas. Elles sont bibliothécaire, concierge, cuisinière, coiffeuse, première main flou, fraiseuse, infirmière, écrivaine, femme de chambre, institutrice, journaliste, femme de ménage, chef de travaux, ouvrière métallurgiste, libraire, pianiste, physicienne, ourdisseuse, sage femme, vendeuse... Elles travaillent.
Presque toutes avec leurs mains - mains de sage femme, mains d'ouvrière, mains de pianiste. Elles sont auxiliaires, adjointes, temporaires, mademoiselles. Elles rêvent. Elles vivent, dans la joie et dans la peine, une histoire qui, au fil des ans, s'emplit de bruit et de terreur. Elles sont invisibles. Ignorées des livres d'histoire. Oubliées. Omises, plutôt. Michèle Audin a cherché leurs traces, et réussi à reconstituer quelques heures de leur vie.
Mises bout à bout, elles racontent leur présent, leur histoire, la sienne, la nôtre.
1934, la France bouillonne tant au niveau social que politique. Catherine, Leopoldine, Céline..., elles sont jeunes, actives. Certaines chanceuses d'autres pas, représentatives de la société française, elles souffrent, s'engagent, se battent . Chacune à sa manière fait bouger les lignes des dictats des hommes, des lois faites par les hommes pour les hommes, chacune à sa manière refuse la soumission aux classes sociales, à la famille, à la religion. Mais elles sont souvent contraintes au silence, hors la loi pour avorter, femme battue, elles voudraient être libres... et malheureusement la menace gronde ; elles sont marquées depuis leur naissance d'un signe qui va les mener à la mort, ce qui les relie toutes, leur nom HAAS.
Pour que la mémoire collective n'oublie pas ces anonymes, avec tendresse et simplicité, Michèle Audin tisse ces fragments de vie dans un tout, une seule et même histoire, la nôtre et l'émotion nous étreint face à la perte de ces femmes à la fois uniques et universelles.
Luis est né en 1935. D'origine espagnole, il vit à Paris avec ses parents et ses soeurs. Luis est handicapé, son côté gauche fonctionne mal, sa démarche est hésitante, sa diction souvent difficile. Dans cette famille ulcérée par la présence d'un enfant abîmé, Luis n'est porté par aucune confiance tutélaire. L'oreille collée au transistor, il s'échappe, grandit en écoutant, en découvrant l'enlacement des arpèges, la beauté des concertos, cantates et symphonies, et chaque partition lui devient peu à peu territoire de savoir.
A vingt et un ans, seul sur les bords de Seine, Luis est soudain bouleversé par le son d'un bandonéon. Sa vie s'ouvre à l'avenir. "Je suis né à la plus pure proposition de l'univers, dira-t-il plus tard : celle de l'amour de la musique." Libertango est le roman le plus envoûtant de Frédérique Deghelt. Un livre d'allégresse qui génère et convoque l'émotion du beau, cette émotion que la musique retrouve en chacun de nous, même au pire de la guerre.
Une émotion qui porte Luis et le sauve.
Tout est émotion dans ce livre, la vie de Luis, son cheminement intérieur, la musique, et ce qu'il nous transmet. Il s'agit bien de passage, de philosophie de vie, d'amour et de beauté que ce vieil homme arrivé à la fin de sa vie tente d'exprimer. La musique des mots, la beauté des phrases et des réflexions procurent une grande paix intérieure.
Luis aurait pu aller jouer ci-dessous
Au coeur de l'Afrique, une guerre civile guerre fait rage, dévastant les champs, les cultures et les familles. Séraphine est une jeune fille innocente, elle grandit et vit le plus paisiblement possible parmi les siens, malgré la peur et la mort qui rôde. Sa mère lui a appris à compter et à lire, elle peut accompagner les femmes au marché, bien loin de son village, pour vendre haricots, oeufs et lait.
Les marches longues et épuisantes sont le lot quotidien de l'Africaine. Son destin semble tracé et s'annonce pourtant heureux : elle épousera bientôt Sumpun, l'homme qu'elle aime. Mais sa vie bascule lorsqu'en rentrant à la maison, elle voit les miliciens, ces hommes qui s'excitent devant la moindre goutte de sang, qui tentent d'abuser de sa mère... Pétrifiée, Séraphine est incapable de la moindre pensée.
Son petit frère est déjà mort tandis que son père agonise, impuissant, lorsqu'un milicien décide de s'en prendre à elle, l'écrasant de toute sa force et de toute sa virilité. Face à l'insoutenable, le père mourra en prononçant ces derniers mots : " Je suis désolé. " Soudain, un groupe de l'armée régulière pénètre dans la maison, tue, chasse et libère la jeune Séraphine des griffes des barbares. Emmenée rapidement à l'hôpital pour y recevoir les premiers soins, elle fait la connaissance du docteur Basonga ainsi que de la très charismatique Blandine, une guerrière persuadée instinctivement que la jeune femme possède le courage nécessaire pour transformer son traumatisme en force.
Elle convainc Séraphine de rejoindre les lionnes impavides, ces troupes de femmes qui vengent les blessés et les morts, qui luttent quotidiennement au sein de l'armée régulière, animées par l'espoir fou de déposer un jour les armes pour le retour de la paix dans leur cher pays. Une nouvelle page de sa vie s'ouvre.
Deuxième roman de Céline Lapertot et tout comme son premier, un nouveau coup de coeur de la librairie. Il y a dans l'écriture la même force que dans les personnages de ce roman bouleversant à plus d'un titre. Céline Lapertot magnifie ces femmes blessées dans leur âme et leur corps, ces femmes qui se redressent, se rassemblent, se battent pour ne pas mourir, mais surtout veulent le meilleur pour leur pays, leurs soeurs et leurs enfants. Un hymne au courage et à l'espoir.
Un entrepreneur du Net soudainement populaire au point que les Français voudraient en faire leur prochain président, un artiste contemporain dont la dernière oeuvre - un cerveau géant de vingt-cinq mètres de haut - vient d'être installée dans les jardins des Tuileries, le leader mégalomane d'un groupuscule d'extrême droite, une starlette de films X venue du fin fond de la Russie, un antiquaire décédé dans des circonstances bien particulières, un médecin généraliste en quête d'une cassette contenant les chansons du groupe de pop dont il faisait partie dans les années 80.
Leur point commun ? Une lettre qui aurait pu donner un tout autre cours à leur vie, et qui vient d'arriver à son destinataire avec... trente-trois ans de retard. Dans ce conte moderne, Antoine Laurain entrecroise avec malice les destins de personnages hauts en couleurs et compose un étonnant portrait de la France d'aujourd'hui.
Antoine Laurain est passé maître dans l'art de nous écrire des comédies sociales très réussies. Si l'intrigue s'ouvre sur un coup du destin absolument cocasse, elle continue sur une teinte plus nostalgique des occasions manquées de la vie de ces quatre anciens amis, puis tourne à la politique-fiction sans jamais lâcher ses personnages. Très bon moment de lecture.
A lire du même auteur : La Femme au carnet rouge et le chapeau de Mitterrand.
Quand Lili Colt arrive à Kodiak, un port de l'Alaska, elle sait qu'elle va enfin réaliser son rêve : s'embarquer sur un de ces bateaux qui partent pêcher au loin. Pour la jeune femme, une runaway qui a fui jadis le confort d'une famille française pour " faire la route ", la véritable aventure commence. Le choc est brutal. Il lui faut dormir à même le pont dans le froid insupportable, l'humidité permanente et le sel qui ronge la peau, la fatigue, les blessures...Seule femme au milieu de ces hommes rudes, au verbe rare et au geste précis qui finiront par l'adopter.
A terre, Lili partage la vie des marins -les bars, les clubs de strip-tease, les motels miteux. Quand elle tombe amoureuse du " Grand marin ", elle sait qu'il lui faudra choisir entre sa propre liberté et son attirance pour cet homme dont la fragilité la bouleverse. Entre Jack London et Marguerite Duras, Catherine Poulain fait entendre une voix unique dans le paysage littéraire français, avec ce magnifique premier roman qu'on devine très autobiographique.
Premier roman qui fait partie de ces livres qui vous habitent longtemps après leur lecture, le Grand Marin vous emporte loin au bout de la terre, dans le froid et la rudesse de l'Alaska. Avec Lili, nous allons partager le quotidien d'hommes et de femmes qui ont tous fui un passé trop lourd ou qui avaient un besoin d'aventure. L'adrénaline voilà le moteur, la pêche si dure qu'elle donne des sensations hors normes, si dangereuse qu'elle peut vous tuer, mais ces hommes sont ils encore vivants ? Jouent-ils simplement à se faire peur, à se prouver quelque chose ou est-ce un abrutissement comme l'alcool à terre qui empêche toute introspection ? Nous n'aurons pas la réponse car Lili est pareille à ces hommes et à Kodiak on ne se livre pas.
Autopsie d'une histoire d'amour. Eva est une fille de l'aube plutôt solitaire, Adama, un oiseau de nuit connu de Tout-Paris ; deux êtres, deux univers que tout sépare. Pourtant, entre eux, au fil des pages, s'écrira un amour fou, une passion compliquée à la destinée tragique. Eva, la narratrice, est aussi petite, ronde, blonde et blanche qu'Adama est grand, noir et sculptural. Elle est émerveillée par leurs différences, fascinée par cet homme sans attaches, funambule parmi les artistes, les mondes interlopes ou les salons bourgeois.
Sans-papiers, Adama est le paradigme du dépouillement. Il ne possède rien, semble ne vivre qu'au présent. Eva est en adoration devant cet ancien danseur de Béjart aussi impénétrable que séduisant.Mais passés les premiers mois d'aveuglement, le mystère s'estompe pour révéler, derrière sa plastique parfaite, une autre facette d'Adama. Dans le coeur d'Eva, la désillusion succède à l'éblouissement. Adama boit, Adama la trompe, Adama vit des femmes qu'il rencontre, Adama sait-il seulement aimer ? Peu à peu, Adama devient Bel-Ordure.Dans cette autofiction, Eva, double littéraire d'Elise Fontenaille, offre au lecteur un texte généreux et sans fard, où alternent moments d'intimité empreints d'une profonde tendresse, révoltes et colères.
Servi par une écriture résolument moderne, Bel-Ordure raconte, avec force et sincérité, une passion incandescente pour un pharaon aux pieds nus.
Elise Fontenaille nous livre une histoire romancée d'une passion amoureuse vécue. Le titre intrigue, la narration alterne brillamment la douceur et la tension et vous êtes pris dans ses filets. Mais qui donc est Adama, tantôt charmeur, très doux, tantôt fuyant et mutique. Un beau portrait d'homme vu par une femme amoureuse qui retrouvera peu à peu sa lucidité.
Voici deux auteurs de polars qui avaient sorti leur premier roman en même temps et que nous avions déjà beaucoup appréciés et qui sortent le deuxième également en même temps, deux genres mais deux réussites. A LIRE ABSOLUMENT Rencontre avec Alexis Ragougneau le 22 mars 2016 à 19h30.
Wollaing, entre Douai et Valenciennes, est une de ces petites villes du Nord minées par le chômage. Le docteur Antoine Vanderbeken soigne gratuitement certains de ses patients. Moins charitable, Freddie Wallet fait dans la récupération musclée de dettes pour le compte d'un organisme de crédit illégal. Alors, quand Pauline Leroy, une jeune toxicomane, que Vanderbeken a prise sous son aile et qui doit de l'argent à Wallet, est assassinée, les habitants laissent libre cours à leur colère.
Wallet est le coupable désigné et ce salaud doit payer. Et avec lui tous les salauds. Car derrière le meurtre de Pauline, le commandant Erik Buchmeyer et le lieutenant Saliha Bouazem vont découvrir d'autres rancoeurs liées au passé industriel de la ville. Ici, tout le monde se souvient du temps où l'usine Berga employait près d'un millier d'ouvriers. L'époque du plein emploi et des grandes luttes syndicales.
Le théâtre aussi de violents heurts et d'accidents dramatiques. Berga a fermé au début des années 80 et le site en friche est devenu la plaque tournante d'un important trafic de drogue. Du Nord- Pas-de-Calais à la Belgique, les ombres des crapules d'hier croisent peut-être celles des meurtriers d'aujourd'hui. Tantôt roman social à l'ambiance trouble, tantôt thriller psychologique haletant, Les Salauds vont payer est une machiavélique histoire de vengeance et de rédemption.
Emmanuel Grand y confirme son habileté à échafauder des scénarios rythmés et efficaces.
Quel est ce jeune homme dont le cadavre patiente sur la table de dissection ? Ses plaies béantes évoquent irrésistiblement les stigmates du Christ. Le docteur Saint-Omer, le légiste, procède à l'autopsie. Le verdict tombe : mort par noyade malgré les blessures infligées. La victime est Mouss, le SDF qui a fait la une des journaux avec certains de ses frères de misère pour avoir occupé Notre-Dame de Paris pendant la période de Noël, clamant leurs revendications : un logement pour tous ! Le Père Kern y officiait au moment de l'" invasion " du saint lieu.
Témoin autant qu'acteur, le bras de fer entre les sans logis et les autorités - policière et religieuse - l'avait profondément touché. Depuis, le prêtre s'est retiré. Il se consacre désormais au tri et à la conservation des " traces du passage des plus pauvres sur cette terre " au centre Wresinski, dans le Val d'Oise. Claire Kauffmann, l'ex-procureur, est chargée d'instruire l'affaire du " noyé des Batobus ".
Lorsqu'elle apprend que François Kern connaissait la victime, elle décide d'aller le voir pour le convaincre de l'aider dans son enquête. Elle essuie un refus : la jeune femme devra se débrouiller seule, cette fois... Mais le Père Kern résistera-t-il à l'appel du coeur et au besoin de comprendre ? Entre les silences, les non-dits et les malentendus, les enquêteurs, officiels ou non, auront bien du mal à démêler les fils de ce crime sordide.
Nous retrouvons avec jubilation le trio Kern/Kauffmann/Landard-Gombrowicz, affublé de Kristof - la " gargouille " -, qui hante les jardins comme les travées de Notre-Dame.
Au cours d'un séjour à Berlin, la jeune Julie Spieler, en quête d'une improbable réconciliation avec son père, Abel - séducteur impénitent, époux volage, menteur invétéré et professeur de littérature allemande à la Sorbonne -, débusque la récipiendaire putative de textes inédits de Kafka, écrivain qui fait l'objet d'une folle idolâtrie de la part de son inconséquent géniteur. La jeune fille entame alors de difficiles tentatives d'approche auprès de cette vieille dame particulièrement revêche qui porte en elle toute la mémoire d'un siècle traversé de guerres, d'exils et d'horreurs.
L'été suivant, contre toute attente, ces trois personnages se retrouvent dans un chalet, face au mont Blanc, pour dénouer les noeuds et secrets obscurs dont chacun a tressé sa vie. De Paris à Berlin en passant par Prague, sous l'éternel regard de l'iconique Kafka ou dans l'inquiétante ombre portée d'une impériale montagne, le roman fait se rencontrer les vivants et tous les spectres qui les hantent sur une scène où les protagonistes se débattent comme pour échapper au cruel sortilège qu'ils ont eux-mêmes concouru à forger.
Convoquant une structure narrative limpide où le réalisme le dispute aux images mouvantes et la gravité à un humour féroce, Fabrice Colin mène ici une superbe enquête romanesque sur les liens qui nous lient et nous délient au fil d'une libératrice traversée des apparences.
Fabrice Colin réussit à nous rendre attachant des personnages plein de défauts. Un père qui est tout sauf un père, une fille qui refuse de grandir et une vieille dame absolûment invivable mais voilà nous sommes curieux : comment vont-ils s'en sortir ? Vont-ils trouver leur rédemption ? Un bon roman de cette rentrée de janvier.
Noël est passé, bientôt la nouvelle rentrée de janvier mais avant une petite mise à jour de nos lectures :
Avez-vous déjà rêvé de lire dans les pensées des gens ? Savoir ce que se dit la serveuse en vous apportant votre café du matin. Ce que vos amis pensent vraiment de vous. Ou même ce que votre chat a dans la tête ? Eh bien, c'est exactement ce qui arrive un jour à Snowe, un flic du Michigan. Au début, il se croit fou. Puis ça l'aide à arrêter pas mal de faux innocents... A des kilomètres de là, un autre homme est victime du même syndrome.
Mais lui est en prison, et ce don de télépathie semble fortement 1 intéresser le FBI... Iain Levison nous entraîne dans un suspense d'une brûlante actualité, où la surveillance des citoyens prend des allures de chasse à l'homme. Mais sait-on vraiment tout de nous ?
Ian Levison nous montre une fois de plus une amérique secrète, manipulatrice mais avant-gardiste où l'humain pèse peu face à la raison d'état. Soit on perd, soit on gagne, qui s'en sortira ? Suspense...
Otto et Ada partagent depuis un demi-siècle une maison jaune perchée sur une colline et une égale passion pour le chou-fleur à la milanaise, le ping-pong et les documentaires animaliers. Rien de ce que leurs voisins disent ou font ne leur échappe. Sans compter qu'Ada participe intensément à la vie du village, microcosme baroque et réjouissant - autant dire joyeusement peuplé de doux dingues. Il y a d'abord Nico, préparateur en pharmacie obsédé par les effets secondaires indésirables ; Aníbal, facteur fantasque qui confond systématiquement les destinataires pour favoriser le lien social ; Iolanda, propriétaire de chihuahuas neurasthéniques et portée sur la sagesse orientale ; M.
Taniguchi, centenaire japonais persuadé que la Seconde Guerre mondiale n'est pas finie ; Marina, anthropologue amateur qui cite Marcel Mauss en exterminant méthodiquement les cafards de sa voisine... Quant à Otto, lecteur passionné de romans noirs, il combat avec un succès mitigé ses insomnies à grandes gorgées de tisane à la laitue, tout en soupçonnant à juste titre les autres habitants du village de lui cacher quelque chose...
Un premier roman plein de fantaisie et de tendresse, avec une jolie galerie de personnages tous complètement déjantés.
Oui, je vous promets, à la fin, on comprend tout !! Les fils se dénoueront mais en attendant ne cherchez pas, prenez juste du plaisir à lire...
Clifton Vakansie court dans les rues de Saint-Laurent, sa ville natale, sur les rives du Maroni, en Guyane. Il court dans un paysage de tôles et de parpaings, en direction de Cayenne et de son aéroport, dont le séparent des fleuves qu'il faudra franchir à la nage, des barrages de gendarmerie, des pistes tracées à travers la forêt. Il court pour l'avenir de sa petite Djayzie, sa fille qui vient de naître, lui qui est à peine un homme.
Il court à travers sa peur et des jeunes de son âge tombent autour de lui. Mais plus tu es déchiré, plus les chiens te déchirent, c'est ce qu'on dit. Et Clifton a beau être sous la protection de l'obia, rendu invincible par la magie des Noirs-Marrons, à sa poursuite il y a le major Marcy, un Créole, un originaire comme on dit, colosse né ici qui sait tout des trafics et des hors-la-loi, homme emporté qui n'a pas volé sa réputation de tête brûlée.
Et il y a aussi le capitaine Anato, un Ndjuka comme Clifton, un type étrange, aux yeux jaunes, dont personne pas même lui ne sait d'où il vient vraiment. Clifton l'ignore encore, mais dans sa fuite vers l'est il ne va pas tarder à croiser des fantômes. Ceux de la guerre du Suriname. Des fantômes qui tuent encore. Qui ne cessent pas de tuer. En ranimant les souvenirs de la guerre civile qui provoqua à la fin des années 1980 le passage de milliers de réfugiés sur les rives françaises du Maroni, Colin Niel nous plonge dans une Guyane qui voudrait tout oublier des spectres de cet oppressant passé.
Alors qu'au Suriname les gros bonnets de la drogue ont remplacé les Jungle Commando, le destin de trois jeunes hommes va se trouver pris dans le double piège des cartels de la cocaïne et des revenants d'une guérilla perdue.
Découverte de cette fin d'année, un jeune auteur de polar que nous espérons bien recevoir en 2016. Troisième livre de Colin Niel à se passer en Guyane française, et l'on découvre un pays complexe propice aux intrigues et à l'explosion de la violence. Il fait chaud en Guyane, très chaud...
Les vacances se terminent, la rentrée littéraire se profile avec son foisonnement habituel, les Unes des magazines, les émissions de radio... et puis les choix de vos libraires alors voici nos premiers coups de coeur.
Premiers romans :
"Aux aguets perpétuels, je suis tout ce que je vois et pas seulement les autres lorsque l'oreille plaquée au tronc d'un arbre par grand vent, j'entends ses craquements, des gémissements, des douleurs, preuve qu'il souffre comme n'importe qui." Dans l'immense demeure pleine d'enfants et de domestiques, la mère jette l'argent par les fenêtres et le père ferme les yeux. Elle est fantasque, il est insomniaque.
Rien n'échappe au narrateur, le benjamin de leurs fils, qui allie des capacités d'observation exceptionnelles à une imagination puissante. Armé de ces talents, il passe tout au crible de ses visions : scènes de la vie familiale, moments d'amitié, admirations cinématographiques, souvenirs d'une scolarité houleuse, rêves d'aventure et tendances anarchistes. Les tableaux vivants qui en résultent nous plongent tour à tour dans l'intime et le sauvage, dans l'histoire et les désordres de l'humanité, et contribuent à construire un roman d'apprentissage foisonnant.
Les lecteurs de Gérard Lefort retrouveront avec bonheur son style si personnel, très littéraire, son humour et sa profondeur. Et son extraordinaire sens de l'image : tout est plus intense, comme au cinéma.
Voilà un premier roman comme on les aime, une écriture, un ton bien à lui, de l'originalité et de l'humour un peu grinçant, Gérard Lefort nous offre un vrai bonheur de lecture. L'invitation est lancée et Gérard Lefort devrait nous rendre visite en fin d'année.
Au coeur de Montmartre, une foule de personnages poursuivent des objectifs très personnels à coups de petites magouilles, de manipulations, d'esbroufe et d'une bonne dose de mauvaise foi... Chacun de son côté, puis ensemble, ils vont concocter 27 recettes savoureuses pour : Redresser un groupe de presse familial qui s'essouffle/Oser les sex-toys après 60 ans/Manigancer des stratégies audacieuses pour remettre les chômeurs au travail/Aider les salariés à développer des activités alternatives et lucratives/Stimuler la créativité des enfants surdoués/Déjouer les pièges pitoyables des agents immobiliers/Défiscaliser les toilettes sèches et consommer bio, responsable et équitable/Organiser du team-building dans les résidences sociales/Convaincre le tribunal de commerce de la pertinence de nouveaux modèles économiques.
HILARANT ! ! !
Très sympa ce roman choral et surtout tout y est crédible, des personnages attachants, une petite intrigue, une bonne dose d'humour. Rien de mieux pour attendre avec impatience de retrouver son livre à la fin de la journée.
Un autre genre....
Au printemps 2001, Mirko et sa sœur Simona, des Albanais du Kosovo d'une vingtaine d'années, ont fui leur pays déchiré par la guerre. La route de l'exil les a menés quelque temps en Italie, puis dans un centre de transit en Haute-Loire. En 2001 ils décident de tenter leur chance à Lyon. Simona est combative et enthousiaste. Très vite, elle trouve un travail, noue des amitiés, apprend le français avec une détermination stupéfiante. Elle fait le choix volontariste de l'intégration là où son frère, plus secret, porte en lui la nostalgie de ce qu'il a laissé au Kosovo.
Pour lui, le français est la langue des contremaîtres et de la rue. Le jour, il travaille sur des chantiers. La nuit, il dort dans un foyer. Les moments de pause, il gagne les lisières de la ville et peint des graffs rageurs sur les murs. C'est ainsi qu'il rencontre Agathe, déambule avec elle, partage un amour fragile face aux séquelles d'une guerre encore trop proche. Ce roman tout en retenue raconte les étapes du parcours des réfugiés dans une métropole devenue dès 1999 un point d'accueil privilégié des réfugiés kosovars en France.
En filigrane : la beauté de la ville, l'art, l'exil, la différence, la liberté, la foi en l'humain.
Située en 2001 cette magnifique et terrible histoire est pourtant tristement d'actualité. Combien ne laissent pas toute leur vie derrière eux ? Combien ne s'adaptent pas ? Combien ressentent durement le racisme ambiant, les amalgames... C'est avec une grand humanité et une grande simplicité que Paola Pigani sublime son roman et nous entraîne à la suivre dans les rues de Lyon qu'elle aime.
Et voilà, les grands, ceux qu'on aime et qu'on suit, ceux que nous allons accueillir cette saison...
Photographe de guerre, Etienne a toujours su aller au plus près du danger pour porter témoignage. En reportage dans une ville à feu et à sang, il est pris en otage. Quand enfin il est libéré, l'ampleur de ce qu'il lui reste à ré-apprivoiser le jette dans un nouveau vertige, une autre forme de péril. De retour au village de l'enfance, auprès de sa mère, il tente de reconstituer le cocon originel, un centre duquel il pourrait reprendre langue avec le monde.
Au contact d'une nature sauvage, familière mais sans complaisance, il peut enfin se laisser retraverser par les images du chaos. Dans ce progressif apaisement, se reforme le trio de toujours. Il y a Enzo, le fils de l'Italien, l'ami taiseux qui travaille le bois et joue du violoncelle. Et Jofranka, l'ex petite fille abandonnée, avocate à La Haye, qui aide les femmes victimes de guerres à trouver le courage de témoigner.
Ces trois-là se retrouvent autour des gestes suspendus du passé, dans l'urgence de la question cruciale : quelle est la part d'otage en chacun de nous ? De la fureur au silence, Jeanne Benameur habite la solitude de l'otage après la libération. Otages intimes trace les chemins de la liberté vraie, celle qu'on ne trouve qu'en atteignant l'intime de soi.
Quel bonheur de retrouver l'écriture de Jeanne Benameur ! Roman d'actualité ou universel, Jeanne Benameur pose les questions de l'engagement, de l'oubli de soi jusqu'à la nécessité de se retrouver pour continuer à vivre, à respirer tout simplement. Qu'on parte loin de chez soi ou qu'on reste toute sa vie au même endroit, la guerre que se livrent nos blessures n'en est pas moins violente. Quelle émotion !
RENCONTRE AVEC JEANNE BENAMEUR LE 19 NOVEMBRE
C'est une histoire qui commence en 1889 à Soro, au Danemark. Et qui se termine en 1931, au même endroit : la "maison" Matthisen, demeure ancestrale d'une vielle famille de la noblesse. Trois femmes occupent les rôles principaux : Mama Trude, la grand-mère ; Kristina, la mère, qui épouse un officier français, René de Maisonneuve ; leur fille, Rose. A 20 ans, Rose quitte le manoir familial et part vivre à Paris.
C'est elle l'héroïne de ce roman mené tambour battant, et qui la conduit d'une fumerie clandestine d'opium à un appartement bourgeois de la rue Delambre où elle vit en couple avec une femme, Louise, avant de recueillir une enfant trouvée, Ida, qui deviendra sa fille. C'est le début du siècle - l'affaire Dreyfus, la guerre de 14, les années folles, les voitures Panhard-Levassor, le féminisme - qui défile en accéléré, mais sans jamais tomber dans la reconstitution historique.
Car le vrai sujet de ce formidable roman, c'est le destin de Rose et la manière dont elle parvient, petit à petit, à en déchiffrer le sens. Porté par un style d'une grande vivacité, une écriture sensuelle et colorée, ce livre est celui d'un écrivain au sommet de son art. Magicienne des mots, Agnès Desarthe nous émeut et nous fait rêver comme jamais. Depuis Mangez-moi, Agnès Desarthe n'avait pas produit de fiction d'une telle ampleur narrative.
Agnès Desarthe a le don de nous entraîner dans de folles aventures, un roman d'apprentissage très féminin, une touche de magie dans les mots, les situations et les personnages et nous voilà devant une grande fresque romanesque !
1532. Francisco Pizarre et ses hommes traversent les Andes. Bientôt la chute de l'empire inca clora un épisode de la conquête du monde qui a vu la rencontre de Dieu, l'or et la poudre. Avec une force épique et romanesque souveraine, Éric Vuillard rend l'Histoire familière et fascinante.
J'ai découvert Eric Vuillard avec Tristesse de la terre l'an dernier et j'ai lu avec un grand bonheur ses autres romans. Eric Vuillard est un auteur atypique qui nous plonge non seulement dans l'Histoire avec un grand H mais aussi dans les profondeurs de l'âme humaine. Le passé questionne notre avenir et je me demande : Pourquoi suivons-nous si facilement les fous ? Conquistadors est un roman violent, intense, épique qui une fois de plus interroge la folie des hommes.
Joséphine est une petite fille à la fois roumaine et française. Privilégiée, car elle peut circuler librement sous le régime communiste, mais rejetée, car elle est étrangère à Bucarest comme à Paris. Joséphine s'interroge : peut-on être amoureuse de sa professeure de violon ? Puis elle devient photographe, connaît le succès. Elle rencontre Nadia. Leur passion est brûlante, le Mur est tombé, le Palais du Peuple est de moins en moins gris.
Mais l'amour bascule, aveugle, emporte tout. Nadia la louve, la danseuse, est un fleuve en colère. Elle s'exile à son tour, fuit Joséphine, cherche un lieu où s'apaiser. Peut-être Kalior, la ville orientale, la belle endormie. Trouver les épaules dorées sur lesquelles se réinventer, comme on s'invente des dieux auxquels se raccrocher.
Irina réussit le difficile passage du deuxième roman et avec brio ! Un roman très émouvant qui questionne la vie artistique, l'amour, l'argent, les origines dans un style empreint d'une belle liberté. A ne pas manquer !
Septembre 2008, Eugène, un ingénieur français arrive à Détroit pour s'occuper d'un projet automobile alors que la crise des Subprimes touche violemment la ville.
Charlie, 12 ans, fugue de chez sa grand mère avec deux de ses amis. Ils vont s'installer dans une sorte de zone où ils vont vivre différentes aventures.
Thomas B. Reverdy nous fait découvrir le chaos et l'abandon de cette ville et de ses habitants.
Une histoire à plusieurs voix dans une ville de Détroit aux allures de cité post-apocalyptique. Des vies perdues vont se télescoper pour renaître. Envoûtant
"Faire une saison", c'est l'idée que Jeanne et Bruno se sont mis en tête : quitter les monts du Lyonnais au milieu du printemps pour aller planter parasols et tréteaux au grand vent de l'Atlantique, sur la place du village balnéaire de Carri, à la lisière des dunes. Marchands ambulants, ils forment une petite tribu que complètent Alexis, onze ans, et Virgile, soixante et un ans. On les appellera en toute simplicité les Bijoux - leur fabrication, leur fierté -, ils disposeront d'une poignée de mètres carré au soleil et seront adoubés par des confrères qui se nomment eux-mêmes Nanou Primeurs, Fromage ou Château-Migraine le pinardier.
Et puis il y a Forgeaud, le boss du marché, protecteur incontournable et despote au passé obscur. Forgeaud qui, frappé par la beauté physique de Jeanne, en perd le souffle et se promet de la posséder avant la fin de l'été. En commençant par humilier publiquement son compagnon. Plus que jamais dans son élément, Eric Holder s'empare de cette saison mouvementée au goût de sel, prétexte à un exercice virtuose de portraitiste, à des scènes et tableaux qui réservent un régal de lecture.
Mais surtout, cette chronique délicate et amoureuse rend hommage à une société, à la fois marginale et populaire, dont la littérature parle rarement.
Allez, un petit air de vacances ne peut pas faire de mal ! Un joli roman sur la communauté éclectique des marchés saisonniers. Un peu d'intrigue, beaucoup de sentiment, du soleil, la mer et de la musique.
L'histoire de Lula Ann Bridewell, enfant maltraitée, qui a fait un faux témoignage pour plaire à sa mère et passe sa vie à essayer de se racheter en combattant le racisme.
Lire un roman de Toni Morrison ne laisse jamais indifférent ! Entre la violence des situations et l'amour que porte l'auteur à son personnage principale, la magie fonctionne. Le destin de Lula Ann Bridewell nous obsède comme la couleur de sa peau obsède ceux qui la croisent.
Le bouquet était prêt : Cinq iris mauves, cinq lys blancs et deux jacinthes sauvages. Dans quelques heures à peine, il serait déposé au cabinet du juge d'instruction Marc Ferrer, plongé dans la plus importante affaire criminelle de sa carrière. Marc connaît le langage des fleurs, il sait que les lys blancs évoquent la pureté et que les jacinthes invitent à l'amour. Pourtant, ces fleurs là lui inspirent la mort.
Celle d'une jeune femme et d'un amour fou disparu huit ans plus tôt... De Paris à Venise, de bouquets en bouquets, vers quel secret enfoui le conduira ce nouveau jeu de piste ? La Prétendue innocence des fleurs est un roman inclassable où le mystère, l'aventure sentimentale et l'intrigue judiciaire s'entremêlent pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au dénouement.
Une fois n'est pas coutume, un polar dans nos coups de coeur. Bien écrit, original, du suspense jusqu'au bout. Il y a un peu de l'Ombre du vent dans ce roman.
UN PRIX INTER AMPLEMENT MERITE POUR
« Le goût du citron glacé envahit le palais de Jacob, affole la mémoire nichée dans ses papilles, il s'interroge encore, comment les autres font-ils pour dormir. Lui n'y arrive pas, malgré l'entraînement qui fait exploser sa poitrine trop pleine d'un air brûlant qu'elle ne parvient pas à réguler, déchire ses muscles raides, rétifs à la perspective de se tendre encore et se tendant quand même. » Jacob, un jeune Juif de Constantine, est enrôlé en juin 1944 pour libérer la France.
De sa guerre, les siens ignorent tout. Ces gens très modestes, pauvres et frustes, attendent avec impatience le retour de celui qui est leur fierté, un valeureux. Ils ignorent aussi que l'accélération de l'Histoire ne va pas tarder à entraîner leur propre déracinement. L'écriture lumineuse de Valérie Zenatti, sa vitalité, son empathie pour ses personnages, donnent à ce roman une densité et une force particulières.
Une très belle écriture pour une histoire bouleversante. A ne pas manquer !
Vous voulez en savoir plus sur nous et sur notre métier ?
Nous avons eu la chance d'être invités, Frédéric Leplat de Page 5 à Bruz et moi-même par Felix Boulé qui anime l'émission littéraire de Radio Laser. Emission à réécouter en suivant ce lien
http://www.radiolaser.fr/Litterature-Les-libraires-a-l-honneur-_a14666.html
Le voyage d'Octavio est celui d'un analphabète vénézuélien qui, à travers d'épiques tribulations, va se réapproprier son passé et celui de son pays. Le destin voudra qu'il tombe amoureux de Venezuela, une comédienne de Maracaibo, qui lui apprend l'écriture. Mais la bande de brigands "chevaleresques", menée par Rutilio Alberto Guerra, pour laquelle il travaille, organisera un cambriolage précisément au domicile de sa bien-aimée.
Avant que ne débute un grand voyage dans le pays qui porte son nom. Octavio va alors mettre ses pas dans ceux de saint Christophe, dans ceux d'un hôte mystérieux, dans ceux d'un peuple qu'il ignore. Car cette rencontre déchirante entre un homme et un pays, racontée ici dans la langue simple des premiers récits, est d'abord une initiation allégorique et amoureuse, dont l'univers luxuriant n'est pas sans faire songer à ceux de Gabriel Garcia Mârquez ou d'Alejo Carpentier.
Miguel Bonnefoy, auteur franco-vénézuélien signe un très bon premier roman, un conte initiatique qui nous ramène à l'essence même de l'existence. Il est parfois nécessaire de se mettre en marche pour se trouver.
La vie nous rattrape souvent au moment où l'on s'y attend le moins. Pour Pierre-Marie, romancier à succès (mais qui n'écrit plus), la surprise arrive par la poste, sous la forme d'un mystérieux paquet expédié par une lectrice. Mais pas n'importe quelle lectrice ! Adeline Parmelan, «grande, grosse, brune», pourrait bien être son cauchemar... Au lieu de quoi, ils deviennent peu à peu indispensables l'un à l'autre.
Jusqu'au moment où le paquet révèlera son contenu, et ses secrets... Ce livre va vous donner envie de chanter, d'écrire des mails à vos amis, de boire du schnaps et des tisanes, de faire le ménage dans votre vie, de pleurer, de rire, de croire aux fantômes, d'écouter le Jeu des Milles Euros, de courir après des poussins perdus, de pédaler en bord de mer ou de refaire votre terrasse. Ce livre va vous donner envie d'aimer.
Et de danser, aussi !
Les romans épistolaires sont à la mode, mais celui-ci vaut le détour, à mettre dans toutes les mains au plus vite ! Vous ne vous passerez plus de Pierre Marie et d'Adeline. Deux merveilleux auteurs jeunesse qui nous offrent une belle parenthèse.
La Théorie de la tartine Après Les Morues, le roman français de l'âge 2.0 En 2006, lorsque Marianne découvre sur le net une sextape postée par son ex, elle ne trouve pour l'aider qu'un hacker immature et un journaliste visionnaire qui croit qu'Internet va transformer le monde. Dix ans et les chocs de la jeunesse (enfants, travail, amours) plus tard, que deviennent notre ex-étudiante blogueuse, le jeune pirate et l'homme de presse idéaliste ? Internet a tout bousculé...
Son précédent livre "Les Morues" nous avait déjà beaucoup diverti, nous sommes ici dans la même veine. Titiou Lecoq a un ton non dénué d'humour pour nous dépeindre les travers de notre société. Divertissant !
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Marie-Laure doit se réfugier chez un oncle à Saint-Malo avec son père. Celui-ci, employé au Museum d'histoire naturelle de Paris, est chargé d'un diamant qui ne doit pas être volé par les Allemands. En Allemagne, le jeune Werner est enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes avant d'entrer à la Wehrmacht. En 1944, leurs destins se croisent. Prix Pulitzer 2015.
Un bon roman fleuve comme savent écrire les américains, mais là pas banal, nous sommes à Saint-Malo.
Il était épuisé. Depuis plus de vingt-quatre heures, il n'avait rien mangé. II roulait doucement à présent, sur des lignes droites qui épargnaient enfin ses muscles, et il profitait du vent chaud qui venait de se lever et soufflait paisiblement le long de la rivière. Une heure plus tard, il entrait dans Bélisarda, et se disait que la ville n'avait pas l'air d'avoir beaucoup changé.» Bien décidé à se confronter au frère qu'il a trahi quelques années plus tôt, Abel revient dans la ville de son enfance.
Mais il découvre une maison familiale vide. Commence une attente, oppressante, qui le livre aux réminiscences et aux visions les plus noires. De ce roman où tout se joue hors champ émerge peu à peu l'histoire d'une relation fraternelle, faite de violence latente, de silences et d'acharnements.
Un deuxième roman qui confirme un écrivain prometteur ! Sébastien Amiel nous plonge dans une atmosphère intrigante, un décor à l'américaine, une ville étrange où la chaleur nous prend à la gorge, des personnages en déroute, une histoire de famille violente et Abel qui veut des réponses et surtout sa rédemption.
1961. Après avoir vu La Vérité de Clouzot, inspiré de sa vie et dans lequel Brigitte Bardot incarne son rôle de meurtrière, Pauline Dubuisson fuit la France et s'exile au Maroc sous un faux nom. Lorsque Jean la demande en mariage, il ne sait rien de son passé. Il ne sait pas non plus que le destin oblige Pauline à revivre la même situation qui, dix ans plus tôt, l'avait conduite au crime. Choisira-t-elle de se taire ou de dire la vérité ? Jean-Luc Seigle signe un roman à la première personne où résonnent les silences, les rêves et les souffrances d'une femme condamnée à mort à trois reprises par les hommes de son temps.
Jean Luc Seigle a une écriture bouleversante, il sait créer une alchimie entre ses personnages et le lecteur sans doute parce que lui-même est en empathie avec eux. L'histoire de Pauline Dubuisson réinterprêtée par l'auteur peut nous laisser perplexe : comment condamner une femme qui a tant souffert et pourtant elle est bien coupable, mais d'autres avant elle l'avaient été de manière bien plus cruel sans être jugés par l'opinion publique.
A lire également : En vieillissant les hommes pleurent. Magnifique !
Ils sont trois frères nés, l'un après l'autre, un 8 mai d'après-guerre, à un an de distance. Le père, contraint de renoncer à ses ambitions littéraires, se fait veilleur de nuit puis camionneur. La mère disparaît sans laisser d'explication pour resurgir inopinément des années plus tard. Les garçons s'élèvent seuls et partent chacun tracer leur chemin dans un monde aussi varié que dangereusement fascinant.
Harry, l'aîné, actif et déterminé, qui a vite compris que "les mots ne coûtent rien et se fabriquent au mètre", devient journaliste, tandis que Daniel, le cadet, timide et solitaire, poursuit des études qui le mènent à Cambridge et à une carrière de critique littéraire, célèbre pour ses recensions d'une méchanceté raffinée. Quant à Sam, le benjamin, c'est le rêveur, le vagabond dépourvu d'ambition (le travail, pour lui, est "une forme de mort"), amateur de nonnes, de clochards et d'âmes en détresse.
Très vite, les trois frères perdent tout contact jusqu'au jour où une sombre histoire de marchand de sommeil, de scandale politique et de meurtre les réunit, les révélant à eux-mêmes de manière tragique. Mais qu'on ne s'y trompe pas : c'est Londres le personnage central de ce roman dont la richesse visionnaire évoque irrésistiblement Charles Dickens. Londres dont le passé, comme le démontre brillamment Ackroyd de livre en livre, ne cesse de dévorer le présent...
Enlevée tout enfant à sa famille biologique par Doll, jeune vagabonde au visage défiguré par une balafre d'origine inconnue, Lila a grandi sur les routes de l'exode où la Grande Dépression a durablement jeté une multitude d'indigents. Quand sa protectrice disparaît mystérieusement, la jeune fille se loue comme domestique avant d'échouer dans une maison close, à Saint Louis, où Doll ne réapparaît que pour se voir bientôt inculpée d'assassinat.
Plus seule que jamais, Lila reprend la fuite et, au bout d'une longue marche, atteint Gilead, une petite ville de l'Iowa, où le vieux révérend Ames prend sous son aile cette âme en friche. Après avoir considéré avec méfiance les marques d'intérêt que lui prodigue cet homme de Dieu respecté de tous et qui pourrait être son père, la farouche jeune fille se prend au jeu du dialogue auquel le Révérend l'invite, au point de consentir à épouser ce veuf austère que, forte de l'intranquille existence qui a été la sienne, elle contraint peu à peu à envisager de nouveaux chemins de pensée.
Instaurant entre discours religieux et destin séculier un surprenant lien de complémentarité sous l'égide d'une fiction pétrie d'humanité, Marilynne Robinson, sans jamais sacrifier la clarté et la précision de la langue à la profondeur de son sujet, s'emploie, dans cette incomparable variation sur l'amour, à faire don de son intelligence du monde et de sa connaissance des textes bibliques pour ouvrir la voie à une communion littéraire d'une rare et pénétrante intensité.
Un formidable roman emprunt d'une grande tendresse et d'une grande humanité. Lila personnage à la fois sauvage et extrêmement intelligent nous livre une réflexion sur l'existence et sur le bonheur, balancée entre le désir farouche de rester libre et désespérément seule et celui de construire à Gilead avec son époux le révérend Ames une vie douce et calme dont elle se sent illégitime. L'émotion nous gagne.
Tout le monde croit connaître Arlequin, ce gai baladin, avec sa guitare et ses entrechats. Mais où et quand est-il né ? Personne ne le sait. On pense qu'il est venu du fin fond d'une vallée bergamasque, ou de l'Enfer, ce rejeton du Diable. Alors, retraçons ses origines, faisons revivre celui qui a créé Arlecchino, suivons-le pas à pas, partageons ses misères et sa gloire. A l'aube du Quattrocento, la peste, la disette et les guerres ravagent l'Italie et la Provence.
Le voici : c'est un saltimbanque, il s'appelle Naselli. Au fil du chemin, il va créer l'habit, dont chaque couleur contient une part de sa propre histoire, puis il créera le masque. Mais par-dessus tout, face à l'injustice du monde, il apprendra à transformer sa colère en rire libérateur.
En ce matin de janvier, la jeune Lucine arrive de Jacmel à Port-au-Prince pour y annoncer un décès. Très vite, dans cette ville où elle a connu les heures glorieuses et sombres des manifestations étudiantes quelques années plus tôt, elle sait qu'elle ne partira plus, qu'elle est revenue construire ici l'avenir qui l'attendait. Hébergée dans une ancienne maison close, elle fait la connaissance d'un groupe d'amis qui se réunit chaque semaine pour de longues parties de dominos.
Dans la cour sous les arbres, dans la douceur du temps tranquille, quelque chose frémit qui pourrait être le bonheur, qui donne l'envie d'aimer et d'accomplir sa vie. Mais, le lendemain, la terre qui tremble redistribue les cartes de toute existence... Pour rendre hommage à Haïti, l'île des hommes libres, Danser les ombres tisse un lien entre le passé et l'instant, les ombres et les vivants, les corps et les âmes.
D'une plume tendre et fervente, Laurent Gaudé trace au milieu des décombres une cartographie de la fraternité, qui seule peut sauver les hommes de la peur et les morts de l'oubli
Le nouveau roman de Laurent Gaudé nous emporte en Haïti, pays foisonnant de personnages différents, de couleur, d'odeur et de malheurs où les morts côtoient les vivants !
Voici un premier aperçu de nos coups de coeur de cette rentrée littéraire 2015 toujours aussi abondante avec ses 604 parutions !!
Un peu d'originalité, des découvertes, des premiers romans, des livres qui nous ont offerts de vrais moments de bonheur !
Durant l'été 1888, Hugo Boch, jeune peintre d'origine belge, prend pension chez Marie Gloanec, à Pont-Aven. Ce village pittoresque du Finistère attire l'avant-garde qui, rejetant l'académisme, cherche à peindre d'après nature. Même des Américains viennent ici finir leurs études, comme ils iraient à Rome... Le chef de la meute est un certain Gauguin, autodidacte à la grande gueule qui croit en son génie, et mène une correspondance avec un type intéressant à ce qu'on dit, un Hollandais, Vincent Van Gogh, reclus dans le Sud.
Hugo, lui, n'est plus sûr de vouloir continuer à peindre, après avoir raté l'entrée aux Beaux Arts. Ce qui l'intéresse vraiment, c'est la photographie, mais elle n'est pas encore considérée comme un art, au mieux comme une aide technique pour les peintres ou un passe-temps... Bientôt ses parents, des industriels de la faïencerie Villeroy et Boch, lui coupent les vivres. Durant les deux années qui suivent, Hugo fait rupture avec les siens, s'enferme dans une certaine solitude, à la recherche, peut-être, de sa singularité, notamment un rapport énigmatique avec la mort au travers de la photo...
Anne Percin nous enchante avec son roman épistolaire. Des personnages fictifs attachants nous promènent dans le milieu artitisque de la fin du XIXème, de la Belgique à Pont-Aven en passant par Paris désertée par les peintres pour la Bretagne. Tout en suivant les tatonnements artistiques d'Hazel, de son cousin Hugo et de son ami Tobias, nous vivons une vraie rétrospective des événements de cette époque : querelles artistiques, mouvements naissants, exposition universelle, début des cabarets, Jack l'éventreur...
C'est avec grand plaisir que nous recevrons Anne Percin le 21 octobre prochain pour une rencontre avec nos lecteurs !
Les enfants poussent pour mieux voir. Le coeur bat. On va enfin connaître la vérité.
Tout le monde a entendu parler de Buffalo Bill, mais qui était-il et quels sont les faits qui l'ont conduit à créer le Wild West Show ? Quelle est cette amérique (ou devrions-nous dire ces spectateurs) qui a laissé voir son histoire par le prisme d'un spectacle de masse ridiculisant les indiens et sans doute minimisant sa responsabilité dans leur extermination ? Jusqu'à quelle limite pourrions-nous faire un parallèle avec le regard que nous portons aujourd'hui sur les événements que nous analysons par le prisme des médias, avides d'images et de spectaculaire ? Comment enfermer toute une guerre dans un "spectacle" (ou un reportage) court sans en déformer la vérité ? Eric Vuillard répond à ces questions en nous entraînant sur un pan de l'histoire de la conquête de l'Ouest méconnu du grand public et absolument bouleversant. A lire d'urgence. sélectionné pour le prix Goncourt.
Deux voix entrelacées. Celle, révoltée, de Georges Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationalistes avec la bénédiction de l'Eglise catholique contre les " mauvais pauvres ". Son pamphlet, Les Grands cimetières sous la lune, fera bientôt scandale. Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et " mauvaise pauvre ", qui, soixante-dix ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours radieux de l'insurrection libertaire par laquelle s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne, des jours que l'adolescente qu'elle était vécut dans la candeur et l'allégresse dans son village de Haute Catalogne.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent, comme enchantées par l'art romanesque de Lydie Salvayre, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, portées par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.
Lydie Salvayre (en fait Lydia) nous livre ici un roman très personnel sur sa mère. D'origine Catalane, sa vie fut bouleversée par les événements de la guerre civile espagnole qui débute en 1936. Une été qui ouvrit la conscience politique de beaucoup de jeunes gens et qui fut vécu comme un cataclysme dans beaucoup de villages ruraux espagnols et ce fut le cas pour celui de Montse. Lydie Salvayre prend le parti de ne pas traduire certaines réflexions et de les laisser en espagnol, certains comprendront, d'autres non, tout comme Bernanos comprend ce qui se passe et d'autres non, trait d'union entre son pays et le pays d'accueil, Montse inventera sa langue très belle très imagée pour surtout ne pas oublier. Un livre grave, parfois drôle, extrêmement touchant.
Changement de style pour Alice Ferney mais toujours autant de richesse dans la langue, ce roman d'aventures inspiré de faits réels est un vibrant plaidoyer pour la défence des océans et des cétacés en danger d'extinction.
Une très grande réussite ! Un roman comme on les aime avec une écriture originale, singulière, un thème un peu loufoque à la fois drôle et émouvant, un texte qui se démarque des autres ! A lire absolument !
Il est bon cette année le livre inter ?? Merveilleux, une perle, original, intéressant, ah si cela pouvait être une métaphore de nos sociétés où chacun accepterait l'autre avec ses atouts et faisant abstraction de ses défauts et de son passé ! Que la vie serait douce sous le soleil !
Un beau roman, tout en douceur. Ecrit sans aucun pathos, ces deux femmes s'attirent et se repoussent sans brutalité. Une belle leçon de vie et d'amitié.
"Le coeur de Simon migrait dans un autre endroit du pays, ses reins, son foie et ses poumons gagnaient d'autres provinces, ils filaient vers d'autres corps". Réparer les vivants est le roman d'une transplantation cardiaque. Telle une chanson de gestes, il tisse les présences et les espaces, les voix et les actes qui vont se relayer en vingt-quatre heures exactement. Roman de tension et de patience, d'accélérations paniques et de pauses méditatives, il trace une aventure métaphysique, à la fois collective et intime, où le coeur, au-delà de sa fonction organique, demeure le siège des affects et le symbole de l'amour
Nous n'avions pas eu le temps de le lire à la rentrée de septembre, grosse erreur, l'écriture de Maylis de Kerangal est absolument magistrale, un grand moment de lecture, un livre à ne pas manquer.
Ce qui arriva alors... J'ai prononcé les mots de "surprise sans limites" à propos d'autres événements. Dire maintenant que ma surprise fut sans limites donnerait non une pâle idée (ni même blafarde ou livide) de ce que je ressentis, mais n'en donnerait aucune, tant le désastre dont je fus le témoin, et l'acteur... Je renonce. Je me borne pour l'heure à rapporter les faits sans détour ni commentaire, avec le plus de précision et de vérité possible, dans l'espoir qu'une telle exigence (j'ai déjà exprimé un espoir analogue), si j'ai la force de m'y tenir (mais l'aurai-je ?), m'aidera à survivre mieux au récit des minutes et des heures qui suivirent, les plus épouvantables de mon histoire".
Surprenant ! Encore une fois René Belletto balade son lecteur de bout en bout avec virtuosité, humour et autodérision, rien de conventionnel, histoire, construction, personnage, aucun repère auquel se raccrocher, j'adore !
Il s'appelle Marko Voronine. Il est en danger. La mafia le poursuit. Il croit
trouver refuge sur Belz, une petite île bretonne au large de Lorient coupée de
Un premier roman noir magistralement orchestré. Traversé par des sujets de société, ancré dans la culture maritime, vous ne lacherez pas "Terminus Belz". Les personnages attachants vous entraînent au fil des pages.
La police et Claire Kauffmann, la procureur, s'interrogent. Qui est cette morte
à la robe blanche ? Au nom de quelle abomination lui a-t-on scellé le vagin à la
cire de cierge ? Sa présence lors de la procession du 15 août tenait-elle de la
provocation ou de la ferveur religieuse ? Le père Kern, le prêtre de Notre-Dame,
est persuadé que l'enquête fait fausse route. Pour élucider le mystère de la
Madone, l'homme de foi remontera jusqu'aux racines du mal...
Un premier polar qui change de l'ordinaire et surtout impossible de deviner le coupable avant les dernières pages. Un enquêteur quelque peu improbable puisque prêtre à la cathédrale, une ambiance de cour des miracles, une très belle écriture nous tiennent en haleine de bout en bout.
Gare de Philadelphie, 1923. La jeune Hattie arrive de Géorgie en compagnie de sa
mère et de ses soeurs pour fuir le Sud rural et la ségrégation. Aspirant à une
vie nouvelle, forte de l'énergie de ses seize ans, Hattie épouse August. Au fil
des années, cinq fils, six filles et une petite-fille naîtront de ce mariage.
Douze enfants, douze tribus qui égrèneront leur parcours au fil de l'histoire
américaine du XXe siècle.
Cette famille se dévoile peu à peu à travers
l'existence de ces fils et de ces filles marqués chacun à leur manière par le
fort tempérament de leur mère, sa froide combativité et ses secrètes failles.
Les Douze Tribus d'Hattie, premier roman éblouissant déjà traduit en seize
langues, a bouleversé l'Amérique. Telles les pièces d'un puzzle, ces douze
tribus dessinent le portrait en creux d'une mère insaisissable et le parcours
d'une nation en devenir.
Une découverte , un roman étonnant, une manière d'écrire absolument originale jamais rencontrée jusque là, une ambiance où l'on ressent physiquement ce qui se passe, bref à lire absolument !!!
« Petite Boîte d’Os » est la fille du pasteur d’une communauté vivant sur les bords d’un lac nordique. Elle grandit dans les senteurs d’algues et d’herbe séchée, et devient une adolescente romantique aux côtés de son amie Blanche. Elle découvre l’amour avec le vieux Joseph, revenu au pays après le « Déluge », enveloppé d’une légende troublante qui le fait passer pour cannibale. Dans ce monde à la beauté trompeuse, se profile le spectre d’un passé enfui où vivaient des oiseaux, une espèce aujourd’hui disparue.
Le lac, d’apparence si paisible, est le domaine où nagent les cochons fluorescents, et au fond duquel repose une forêt de cercueils, dernière demeure des habitants du village. Une histoire d’amour fou aussi poignante qu’envoûtante, un roman écrit comme un conte, terriblement actuel, qui voit la fin d’un monde, puisque l’eau monte inexorablement et que la mort rôde autour du lac…
Un récit peuplé d'étrangeté, un conte? ou notre futur, une écriture tellement émouvante, un texte court à ne pas manquer.
Un énorme coup de coeur pour moi, on le commence et on ne le lâche pas, une très belle écriture et beaucoup de sujets abordés. Passionnant !